Voilà bien un drôle de nom pour un avion : Malabar-Princess! Deux mots accolés presque antagonistes. Serait-ce la belle et la bête du ciel? Malabar, cette expression a vu le jour dans la deuxième moitié du XIXe siècle, en référence à une population indienne venue de la région Malabar et employée dans les champs de cannes à sucre à la Réunion. Les employeurs recherchaient des hommes solidement charpentés.
De même origine, le Malabar-Princess, Lockheed L-749 Constellation immatriculé VT-CQP, est l’un des trois livrés à Air India entre mars et juin 1948 pour la mise en place d'une liaison Bombay – Le Caire – Genève – Londres. C’est ce 749 qui inaugure la ligne en juin 1948. Son nom, choisi par la famille Tata, fait référence à la colline du même nom qui surplombe Bombay, ville de résidence de la famille.
C’est le 3 novembre 1950 que le Malabar Princess, vol 245, s’envole pour Londre avec à son bord 40 passagers et 8 membres d’équipage. Vers 10h30, le 749 a une dernière communication radio avec l'Aéroport international de Genève-Cointrin où il doit faire escale. Il s'estime alors à 25 kilomètres au nord-ouest de Grenoble, au-dessus de Voiron, à une altitude de plus de 5 000 mètres. Peu de temps après, le Malabar Princess s'écrase, 40 mètres sous le sommet du Mont-Blanc au niveau du Rocher de la Tournette,. Il finit son funeste voyage sur le glacier des Bossons.
Depuis quelques dizaines d’années, à la fortune du réchauffement climatique, le glacier libère des vestiges du Malabar Princess. Josée de Vérité Mermoud, archéologue amateur et sculptrice, vit à Chamonix. Dans ses sculptures s’expriment à la fois la beauté, la tragédie et l'histoire. “Archéologue amateur, j’ai grimpé, j’ai exploré, fureté, fouiné pour excaver le cœur battant, ces morceaux de tôle déchirés qui me « parlaient » de leur histoire. Je les ai transportés souvent avec grande difficulté et toujours avec émotion.”
Ces pièces déformées par la violence du crash sont difficilement reconnaissables. José de Vérité Mermoud a contacté il y a un peu plus d’un an notre association pour essayer d’identifier quelques-unes du 749 de la compagnie Indienne.
A l'occasion des 70 ans du F-BGNJ, Josée a souhaité offrir à l’Amicale du Super Constellation une pièce du Malabar-Princess, en l’occurrence une bonbonne de l’extincteur d’un des moteurs qu’on retrouve également sur le 1049. Toute l’équipe de l’Amicale la remercie chaleureusement pour ce présent empreint d’histoire et d’émotion. Une nouvelle histoire à raconter à nos visiteurs!
Retrouver l'histoire du Malabar Princess dans la video ci-dessous